"Il existe peu de documents iconographiques concernant Madame de Ventadour. Sur notre portrait la gouvernante des Enfants de France est vêtue du manteau réservé aux ducs et pairs. Elle pose, ce qui peut paraître un peu surprenant d'après ce que l'on connaît de sa personnalité, près d'une cassette de bijoux. Il s'agit vraisemblablement de ceux qui ont pu lui être offerts par le petit roi Louis XV, alors qu'il est " passé aux hommes ". L'épisode est rapporté par le marquis de Dangeau (Journal, tome XVII, Paris 1854 - 1860, pp. 23 et 24). On sait que l'enfant est séparé de sa gouvernante le 15 février 1717, et qu'il en est bien triste, ce qui marque l'esprit des témoins. Dangeau mentionne : Le roi ne voulut point dîner et fut fort triste toute la journée. On a fait à Madame de Ventadour un présent magnifique de pierreries que le roi avoit eues de la succession de monseigneur le Dauphin, son grand - père, et on estime ce présent 60,000 écus. Cette anecdote permet de dater notre portrait vers 1717, année où Madame de Ventadour devint également veuve.
Nous connaissons également une version en buste exécutée d'après notre tableau, conservé au château de Bussy - Rabutin, et identifiée comme notre modèle.
Trois autres versions, toujours d'après notre portrait mais répertoriées comme étant Madame de Maintenon, nous sont connues : collection de Madame Le Goff, ancienne collection de M. Dru (vente à Paris, Hôtel Drouot, 17 - 18 décembre 1909, n° 37, reproduit, comme Pierre Mignard), et une reprise du XIXe siècle conservée au musée des Beaux Arts de Marseille.
Une quatrième version, présentée comme un portrait de l'impératrice Marie Thérèse, est conservée au château de Sychrov en Tchéquie, construit par la famille de Rohan, après la Révolution. Une réplique existerait également dans les collections des princes Metternich à Kynzvart.
Un autre portrait de Madame de Ventadour, réattribué à Nicolas de Largillierre il y a quelques années, nous est connu. La gouvernante s'est fait représenter en grand deuil de sa mère au côté de Louis XIV, et des " trois dauphins ", les ducs de Bourgogne et Bretagne, ainsi que son protégé le petit duc d'Anjou, futur Louis XV, tenu en lisière (conservé à la Wallace Collection de Londres)" [1]
|